Les premières traces écrites dans notre langue ont été rédigées par Marguerite d’Oingt, une poétesse du XIIIe siècle. Dès lors, notre langue possède une culture littéraire avec divers écrivains, poètes ou autres écrits de valeur. Les plus anciens écrits que nous ayons trouvés en arpitan/francoprovençal savoyard sont ceux de Nicolas Martin en 1555.

À partir du XVIIIe siècle et jusqu’à la deuxième moitié du XXe siècle, les auteurs patoisants écrivent l’arpitan en s’inspirant du français et du latin, des langues écrites qui étaient également utilisées par l’Église et l’administration. Ainsi, les noms de lieux, les toponymes et les patronymes sont notés de la même manière par l’administration savoyarde. Cette façon d’écrire a engendré une littérature florissante au XIXe siècle, époque à laquelle les auteurs savoyards ont développé ces systèmes orthographiques en même temps qu’un genre littéraire propre. Parmi les nombreux auteurs de ce courant littéraire, citons Amélie Gex, Joseph Béard, Aimé Marcoz d’Ècle, Joseph Fontaine, Louis Terrier, Just Songeon ou Jean-Alfred Mogenet.

C’est dans la seconde moitié du XXe siècle que cette tradition d’écriture a été rompue (même si rien n’était définitivement fixé) et qu’apparaissent parmi les auteurs patoisants les graphies phonétiques, inspirées de l’alphabet phonétique international — jusque-là réservées aux chercheurs — dont la Graphie de Conflans (en France), la Graphie BREL (en Vallée d’Aoste), la Grafi fribordzêje (dans le canton suisse de Fribourg), etc…

Vers la fin des années 1990, alors qu’il y avait un besoin de normalisation, de développement et d’émancipation de notre langue, la demande d’écrire dans une orthographe étymologique et traditionnelle est à nouveau apparue. Le linguiste Dominique Stich a synthétisé les pratiques d’écriture des écrivains et des poètes de l’ensemble de l’aire linguistique arpitane, y compris ceux mentionnés plus haut, et a ainsi présenté en 1998 une orthographe globalisante et étymologique : l’Orthographe de Référence A.

Si certaines critiques ont été émises par des dialectologues et des experts autoproclamés qui n’appréciaient pas le fait que l’arpitan puisse avoir son propre alphabet et sa propre orthographe, en revanche, elle a été encouragée par d’autres éminents linguistes, d’autres locuteurs, la région Rhône-Alpes (qui a reconnu la langue en 2006) et le Ministère de l’Éducation nationale.

Après avoir reçu de nombreux retours, une réforme et une amélioration de l’orthographe ont été mises en œuvre. C’est à partir de là qu’a été introduit en 2003: l’Orthographe de Réfénce B. Toute personne qui comprend ce système peut noter son parler dans cette même orthographe globalisante.

Depuis lors, des universitaires et des linguistes, dont Alexandre Raymond, Didier Calin, Xavier Lamuela, Jean-Baptiste Martin et Anne-Marie Vurpas, ont proposé des modifications, tout comme un groupe composé de Marc Bron, Raphaël Maître, Christiane Dunoyer et Andrea Rolando.

L’orthographe globalisante, qui assure la continuité avec les écrivains et les poètes du passé, a permis à la langue de connaître un renouveau. Depuis son introduction, l’orthographe a été utilisée, entre autres, pour des romans, des dictionnaires, des bandes dessinées, des méthodes de langue, un traducteur en ligne, une Wikipédia en langue arpitane, des applications pour smartphones, un jeu de société, dans la communication entre locuteurs de différentes régions et dans la communication de la Région Auvergne-Rhône-Alpes.

L’intérêt d’une orthographe pour la diffusion de la langue écrite reste évident. Alors que l’Éducation pourrait avoir pour mission importante l’alphabétisation et l’enseignement du savoyard, en l’attente de cela, l’Institut de la Langue Savoyarde (ILS) encourage tous ceux qui essaient d’écrire dans l’orthographe globalisante.

Rôno-Ârpes
Extrait d’un dépliant dans lequel la Région Rhône-Alpes communique dans la langue régionale.

→ Pour en savoir plus :  Les graphies